Football
Le jeu et les joueurs
Maladresses « sang et or », application clubiste
Un autre zéro partout pour un derby. Dommage car il y avait franchement de la marge pour faire autre chose, pour procurer d’autres émotions et pour nous rendre les quatre-vingt-dix minutes plus attrayantes. Pourtant tout y était, public nombreux et coloré, pléiade d’internationaux sur le terrain et…tactiques répétées maintes fois.
L’Espérance n’a pas changé d’un iota son dispositif tactique usuel avec le sacro-saint 4-4-2. Défense alignée, avec couverture réciproque des deux axiaux, un Tarak Thabet plus offensif que Mkademi, un milieu de terrain à quatre joueurs et une ligne d’attaque avec Zitouni en pointe et Diaké jouant tout autour.
Le CA pour sa part a choisi une variante du 4-4-2, le 4-5-1 en l’occurrence avec Benjedidia et puis Fathalli en cinquième milieu qui essaye tant bien que mal de venir en aide au seul attaquant nominal, Missaoui.
A la lecture de ces dispositifs, on savait pertinemment que le match se jouerait comme une partie d’échecs où la première marche de l’édifice consisterait à bloquer l’adversaire, notamment du côté clubiste.
Les défenseurs
Au vu du score, on est tenté de dire que les défenseurs ont pris le pas sur les lignes d’attaque. Rien de plus faux car c’est, parfois, par miracle que le score est resté vierge.
Du côté «sang et or», la défense a pu profiter, notamment en première période, de l’absence de velléités adverses. Seules quelques petites escarmouches, sans gros danger, étaient opposées à la paire Badra-Azaïez, bien protégés sur les flancs par Thabet et Mkademi.
Côté clubistes, l’axe central, bien fort sur les balles hautes, a été quelquefois submergé en première mi-temps par les Zitouni, Diaké et Clayton. Saïdi, loin de son meilleur niveau, et Guizani, en première période, ont souffert, alors que Mkacher a paré plus d’une fois au plus pressé. La défense clubiste a eu néanmoins le mérite — partagé il faut le dire avec l’attaque «sang et or» — de sortir indemne d’une grosse demi-heure espérantiste avant de se ressaisir en livrant une seconde période pleine d’engagement.
Les milieux de terrain
A une question sur le comportement distinct du milieu de terrain clubiste en première et en seconde mi-temps, l’entraîneur clubiste a répondu : «Pourtant les consignes étaient les mêmes, mais les joueurs ont anormalement reculé en première période».
Ce recul de la période initiale a failli coûter très cher aux hommes de Moncef Chargui. Ainsi durant vingt minutes de jeu, il n’y avait pratiquement pas de liant entre les lignes clubistes. Ces dernières perdaient la balle aussitôt récupérée. Les attaquants, ou plutôt l’attaquant, était campé dans ses arrières et, petit à petit, les deux lignes de défense et du milieu de terrain s’imbriquaient l’une dans l’autre, donnant l’impression qu’il n’y avait plus qu’une seule équipe sur le terrain. Cette période de forte pression «sang et or» coïncidait avec les plus nettes occasions de scorer de l’Espérance. Clayton toucha par deux fois la transversale. Diaké rata un but tout fait en se présentant seul face à Azaïez avant de tirer en force, quelques minutes plus tard, à côté, suite à un bon décalage de Souayah.
La demi-heure de furia «sang et or» était aussi bien le fruit d’un net recul du milieu de terrain adverse que le résultat d’un parfait équilibre entre les lignes avec un Clayton, parfois un peu plus axial que d’habitude, au four et au moulin et un Souayah, plein de lucidité à l’approche des seize mètres adverses. Néanmoins, la machine espérantiste se grippa avec la sortie de Clayton, véritable point d’équilibre à gauche. Son remplaçant, Lahmar, ne put à aucun moment rentrer dans le match péchant au niveau de la récupération et restant plutôt amorphe sur le plan offensif. Ce qui a poussé Zouaoui à le remplacer par la suite.
En seconde période, les choses changèrent de physionomie.
Chargui a dû probablement tirer les bretelles à tout son monde, puisque son milieu de terrain se transforma en véritable muraille infranchissable au fil des minutes avec Ben Yahia à droite, Toujani dans l’axe et Mouelhi à gauche, pour fermer le couloir fort de l’Espérance. Le milieu de terrain défensif du CA prit le pas sur le milieu de terrain offensif de l’EST. Le trio déjà cité, auquel venaient se coller aussi bien Khalfaoui, chargé de l’animation, que Ben Jedidia puis Fathalli, imposa alors son rythme à la rencontre en ratissant plus de ballons et en étant surtout plus présents sur toutes les secondes balles adverses ou provenant de partenaires. Cette manière d’opérer coupa le liant entre les attaquants «sang et or», les «organisateurs» du jeu et l’ont vit même parfois une Espérance coupée en deux avec seulement une défense et une attaque. L’entrejeu ayant totalement disparu.
Zouari essaya de corriger en incorporant Ben Younès devant et en faisant reculer Diaké derrière, mais c’était peine perdue car le match, petit à petit, se jouait dans la tête et la peur de perdre prenait le pas.
Les attaquants
Si on devait comptabiliser les actions de but en dehors de celles que s’est procuré l’Espérance en première mi-temps, on ne trouvera pas grand-chose à présenter hormis une «tête» de Zitouni renvoyée sur la ligne par Saïdi ou un long rush de Missaoui sans grand succès. Cet aspect des choses et surtout les maladresses de l’EST en première période font que les deux lignes d’attaque sont à assortir d’un beau zéro pointé malgré la vaine débauche d’énergie.
Pour terminer et pour renvoyer «dos à dos» les deux équipes sur le plan tactique, disons que chacune d’elle a pu asseoir la sienne une mi-temps durant. Certes, l’EST n’a pu fructifier des occasions un peu plus nettes, mais le CA, encore en convalescence, a pu, tout au long de la seconde période, bloquer l’EST, qui ne doit s’en prendre qu’à elle-même. Et cela n’est pas peu face à une équipe comme l’Espérance.
H.B.H.
Décidemment, il persiste et il signe