[COUP DE COEUR] LA BELLE HISTOIRE DE LA SEMAINE

[slomo1976]

C'est aujourd'hui l'anniversaire du protagoniste de la toute première belle histoire de ce sujet, donc je reprends du collier, avec une dédicace à Kamacho pour une spéciale Casablanca, et mes excuses à Troudi qui connaît déjà l'autre belle histoire.

Le football marocain comporte pas mal de points communs avec le tunisien, avec l'avantage d'avoir compté en ses rangs le probable meilleur joueur de tous les temps, aussi doué que Pelé ou Maradona, Larbi Ben Barek. Mais le foot chérifien doit énormément à ses débuts à Mohamed Ben Hassen Affani. Ce dernier est plus connu sous le nom de 'Père Jégo', est à ma connaissance le seul 'roturier' à avoir un stade à son nom, et a été pour beaucoup dans le lancement des deux clubs de Casa, le Wydad qu'il a fondé et le Raja qu'il a façonné. Encadreur, manager, coach, mécène, à la façon de Mounir Kebaïli, Père Jégo a été la référence de ces deux clubs qui ne peuvent pas s'encadrer comme chacun sait. Alors, à la fin de sa vie, quand on lui a demandé lequel des deux clubs il préfèrait, Père Jégo a répondu: 'le Wydad représente mon coeur et le Raja mon caractère'. Elégant, non? (nous on a Baganda qui vient te dire tu peux être clubiste ou espérantiste qu'en détestant l'autre)

Une histoire de chez nous maintenant (même si le Père Jégo est né à Tunis): Gaddour, de la buvette, jouait un jour un match de quartier avec ses amis 'en déplacement', et dans l'équipe d'en face se trouvait Ahmed Kaouana (gardien de but remplaçant de Attouga au Club Africain et qui, comme Lassouad ou quelques autres, n'eût jamais l'ombre d'une chance de remplacer le monument). Gaddour réussit à marquer un but et donne l'avantage aux siens. Il est tout content, il se replace après le but et là, paf! il se ramasse un caillou sur la figure comme s'il jouait à Bizerte ces jours-ci. Ils jouent dans un coin plutôt tranquille et le 'public' local n'aime pas ce genre de chose, donc ils attrapent le fautif pour lui faire passer le goût du pain et là, Gaddour se rend compte que c'est son frère qui l'a caillassé (et donc pas un local). 'Qu'est-ce qui te prend?' 'Et toi, comment tu oses marquer un but au gardien du Club?'

La semaine prochaine, vous avez le choix entre ce que Si Azzouz a fait pour Gouchi, ce que Hamadi Khouini a contraint un coach à faire ou le but probablement le plus c... encaissé dans l'histoire du CA (on parle des années quarante). Si ça vous intéresse...

Sadri,tu dois enregistrer des videos de tes belles histoire a la Abdelaziz Arouii!!!

[TROUDI]

C'est aujourd'hui l'anniversaire du protagoniste de la toute première belle histoire de ce sujet, donc je reprends du collier, avec une dédicace à Kamacho pour une spéciale Casablanca, et mes excuses à Troudi qui connaît déjà l'autre belle histoire.

Le football marocain comporte pas mal de points communs avec le tunisien, avec l'avantage d'avoir compté en ses rangs le probable meilleur joueur de tous les temps, aussi doué que Pelé ou Maradona, Larbi Ben Barek. Mais le foot chérifien doit énormément à ses débuts à Mohamed Ben Hassen Affani. Ce dernier est plus connu sous le nom de 'Père Jégo', est à ma connaissance le seul 'roturier' à avoir un stade à son nom, et a été pour beaucoup dans le lancement des deux clubs de Casa, le Wydad qu'il a fondé et le Raja qu'il a façonné. Encadreur, manager, coach, mécène, à la façon de Mounir Kebaïli, Père Jégo a été la référence de ces deux clubs qui ne peuvent pas s'encadrer comme chacun sait. Alors, à la fin de sa vie, quand on lui a demandé lequel des deux clubs il préfèrait, Père Jégo a répondu: 'le Wydad représente mon coeur et le Raja mon caractère'. Elégant, non? (nous on a Baganda qui vient te dire tu peux être clubiste ou espérantiste qu'en détestant l'autre)

Une histoire de chez nous maintenant (même si le Père Jégo est né à Tunis): Gaddour, de la buvette, jouait un jour un match de quartier avec ses amis 'en déplacement', et dans l'équipe d'en face se trouvait Ahmed Kaouana (gardien de but remplaçant de Attouga au Club Africain et qui, comme Lassouad ou quelques autres, n'eût jamais l'ombre d'une chance de remplacer le monument). Gaddour réussit à marquer un but et donne l'avantage aux siens. Il est tout content, il se replace après le but et là, paf! il se ramasse un caillou sur la figure comme s'il jouait à Bizerte ces jours-ci. Ils jouent dans un coin plutôt tranquille et le 'public' local n'aime pas ce genre de chose, donc ils attrapent le fautif pour lui faire passer le goût du pain et là, Gaddour se rend compte que c'est son frère qui l'a caillassé (et donc pas un local). 'Qu'est-ce qui te prend?' 'Et toi, comment tu oses marquer un but au gardien du Club?'

La semaine prochaine, vous avez le choix entre ce que Si Azzouz a fait pour Gouchi, ce que Hamadi Khouini a contraint un coach à faire ou le but probablement le plus c... encaissé dans l'histoire du CA (on parle des années quarante). Si ça vous intéresse...

C'est un énorme plaisir de te lire; ta façon de narrer n'a pas d'égal mon cher...

[Nagy]

En lisant la controverse sur nos gardiens (faire jouer l'expérience? Tenter le pari de la jeunesse?), je me suis rappellé l'histoire de Ernst Happel (un des meilleurs entraîneurs de l'histoire) et de son gardien à Hambourg au début des années 80, Uli Stein. Ce goal était bon, remplaçant en équipe d'Allemagne, mais avait un problème de caractère et de confiance. Un jour, en coupe d'Europe, Hambourg se sort avec une défaite 2-1 à Tbilissi (qui le qualifiera au retour) d'un match qu'il mérite de perdre par 5 ou 6-0, et où ses poteaux ont sauvé Stein trois fois. Le gardien est assez fragilisé en cette période alors que vient lui dire Ernst Happel? "Tu es bon, tu sais même comment utiliser le bois de ta cage". Stein n'a plus encaissé plus d'un but par match le restant de la saison et a mis la place de titulaire en sélection en balance.
Nous on balance nos gardiens au premier faux-pas ou on leur sort des 'tu as encaissé autant de buts que le numéro de ton maillot'.

Bon, pour une anecdote clubiste maintenant sur le but le plus bête de l'histoire du CA. Ca date de 1936 donc je ne peux que croire celui qui me l'a raconté . Abdelmalek Ben Achour est ennuyé parce que le CA doit jouer la Vaillante et qu'il n'a que 10 joueurs au stade Smadja. La Ligue Tunisienne de Football, consciente des difficultés matérielles des équipes d'alors, leur permet de faire jouer un joueur 'externe' s'il dispose de sa carte d'identité. Parmi les ouled el houma qui sont là, il y en a un qui pourrait faire l'affaire. "Tu peux jouer au goal?" lui demande notre secrétaire général. "Oui, je l'ai déjà fait" lui répond l'autre. Et le match commence. Le gars s'en sort pas mal, le CA mène 1-0. A un moment, le Club est pressé en défense, un centre est expédié que le goal capte sans difficulté mais l'inter adverse qui est plutôt costaud charge vers le gardien (qui est à son premier poteau). Que fait ce dernier? Il l'esquive en faisant le tour de son poteau... par l'intérieur du but. Et remet en jeu comme si de rien n'était alors que l'arbitre indique évidemment le centre. A.Ben Achour a failli s'étrangler en l'enguirlandant tandis que l'autre se défendait en disant "mais c'est permis?! et j'allais pas le laisser me charger!". Heureusement le gardien titulaire est arrivé à la mi-temps.

[Nagy]

Il y a eu demande de reprendre les belles histoires de ceux que le sujet politique sature. Dont acte.

...à une époque où nous avions un championnat de foot et une équipe qui y jouait le titre... Ca ne date que de deux ans... Il y avait un match en milieu de semaine (CSS-CA pour être précis). Trois collègues dont deux clubistes sont en déplacement pour leur travail commun (le clubiste est travailleur. Je ne sais pas s'il est supposé ne pas être PDP ou si, mais il est bosseur généralement)(et critique, aussi). Ils n'ont pas pu aller au stade (c'est à Sfax, 'faut dire) et ne peuvent pas regarder la rencontre à la télé. Alors ils mettent la radio. Ils sont fatigués par leur journée de travail et le déplacement. L'un d'eux (le pas clubiste) demande en écoutant la diffusion du match "c'est un CD ou la radio?" Ce à quoi le conducteur répond "un CD" Un blanc dans la conversation et puis le troisième dit "ah alors met la dernière plage qu'on connaisse le résultat final"

C'était juste pour que vous vous souveniez de ce que c'était quand on allait au stade et qu'il y avait des gens dans les gradins.

[Nagy]

...sera écrite après-demain. Il est temps, le bail sur le titre africain date d'il y a vingt ans, à quatre jours près.

Vous vous souvenez? De la pluie qui tombe depuis trois jours, de ne pas dormir pendant une semaine avant, de la cuisse de Faouzi qui nous fait peur parce qu'on ne sait pas si elle va tenir, de ces types en face qui viennenet de se payer El Merrikh, Al Ahly et Iwuanyanwu, de la tension artérielle à 37, de se demander s'ils ont un bon ailier parce que bon, Elmi et Bargaoui , du terrain lourd, d'avoir vérifié cinquante-huit fois si teskertek foukek, d'arriver au stade à dix heures du matin (tu pourras pas manger de toute façon donc si le boulis te prend ton casse-croûte tant pis), d'avoir mis tes chaussettes porte-bonheur, d'avir pris le café avec lui mais surtout pas avec lui, des ramasseurs de balle en survêtement rouge, de Balaci debout sous la pluie mais qui réussit à fumer, en blouson de cuir ouvert, du souvenir du match de Kitwe et du Nkana qui t'a fait perdre quinze ans de ta vie, de Lotfi M'haïssi qui aurait continué jusqu'à Hammamet pour marquer le premier but si les filets de la cage ne l'avaient pas retenu, du silence assourdissant quand les Ougandais égalisent à 1-1, de l'espoir qui renaît quand Sami Touati redonne l'avantage juste à la mi-temps, d'avoir passé tout le match debout (...qu'on soit au stade ou pas) parce que de toutes façons le ciment était trempé, de Lotfi (encore lui, toujours lui) qui pulvérise la défense adverse et lance le bal, de Faouzi (encore lui) qui se blesse en tirant le pénalty et ça tu ne l'avais encore jamais vu (mais il a marqué donc ça va, en plus il est meilleur buteur de la compétition), d'avoir établi le record (à ce jour) de buts marqués en finale de la Coupe des Champions, d'être rentré chez toi à pied ivre de bonheur (...mais en te souvenant de Nkana donc un peu sur tes gardes quand même), d'avoir été regarder Club-Haouaria le lendemain matin au palais de la Foire et d'y avoir trouvé beaucoup plus de gens que tu ne l'aurais cru (au fait c'était Haouaria? ), des images de Cherif (Allh yar7mou) dormant dans les filets de l'avion militaire, de la parade au lycée ou au bureau le lundi, des messages -sonnant faux au possible- d'encouragement de la part d'Uncle Slim et de Keyzer Khaled qui leur ont valu la moquerie et l'opprobre, malgré leur victoire homérique sur les Railways (en seconde division, NB) qui leur ouvre la voie pour le sacre en coupe de Tunisie (il leur fallait une compensation, non? Bon papa qui nous félicite en débarquant à l'aéroport, Monsieur Gendre devait bien avoir une breloque pour se consoler). Et cette sensation lorsque Sami Touati marque le but au retour (tu mets un moment à le comprendre, qu'il a marqué, parce que Mongi Nasri crie beaucoup (il fait radio et télé, toujours mieux que Ridha Oudi), et que le caméraman Ougandais filme de telle sorte que des fois tu crois qu'on joue en travers alors que non), et que tu sais dès lors que plus rien ne peut t'arriver, et que le Club, ton Club, celui que tu as choisi parce que pour ça on a toujours le choix, est le premier club tunisien champion d'Afrique, pour sa première tentative, après avoir été finaliste pour sa toute première participation en coupe des coupes, que sur les vingt joueurs qui ont rendu ça possible les seuls qui ne soient pas passés par toutes les cases de la vie du CA depuis leur enfance ce sont Nasri (...arrivé à 16 ans) et Magharia, et là... On peut pleurer en rêvant? Ou rêver de Lotfi M'haïssi qui pleure de joie lui aussi? Alors c'est que ça s'est vraiment passé.

Que ceux qui n'ont pas le quart de siècle demandent aux autres et se préparent. Si tu croyais être heureux en voyant Mazembe te divertir, attend de voir ce que c'est que d'être sacré continentalement.



...plus que trois jours sans dormir, j'espère que le match est en début d'après-midi...

[klumpF]

Malheureusement la plus part de nos joueurs étaient trop jeunes pour prendre de la graine de Mhaissi. J'espère qu'on leur montrera quand même le match pour leur rappeler qu'ils peuvent aussi renouer avec le destin.

[slomo1976]

Je cherche depuis tout a l'heure le bouton (j'aime)je trouve pas.chui en larmes Man,mais juste pour rectifier un truc si je peux:il a commencé a tomber des cordes la veille du match et ça c pas arrêté,d'ailleurs depuis le premier but de Mhaysi g perdu mon parapluie,je le cherche jusqu'à cet instant

[Nagy]

Je cherche depuis tout a l'heure le bouton (j'aime)je trouve pas.chui en larmes Man,mais juste pour rectifier un truc si je peux:il a commencé a tomber des cordes la veille du match et ça c pas arrêté,d'ailleurs depuis le premier but de Mhaysi g perdu mon parapluie,je le cherche jusqu'à cet instant

Dimanche précédent partie contre le Stade 3-0 avec Slim Jean-Marie du mauvais côté et il a plu en soirée après un bel après-midi si mes souvenirs sont bons, mais disons qu'il y a des flous dans mes souvenirs par moments (dûs à l'intensité émotionnelle du contexte).

Pour ton pépin, demande à Boughnim, il est rentré chez lui plus teint en noir qu'el makhlou3

Au fait on ne reverra jamais neuf titulaires sur onze formés au club depuis les écoles.

[Floodlike]

...sera écrite après-demain. Il est temps, le bail sur le titre africain date d'il y a vingt ans, à quatre jours près.

Vous vous souvenez? De la pluie qui tombe depuis trois jours, de ne pas dormir pendant une semaine avant, de la cuisse de Faouzi qui nous fait peur parce qu'on ne sait pas si elle va tenir, de ces types en face qui viennenet de se payer El Merrikh, Al Ahly et Iwuanyanwu, de la tension artérielle à 37, de se demander s'ils ont un bon ailier parce que bon, Elmi et Bargaoui , du terrain lourd, d'avoir vérifié cinquante-huit fois si teskertek foukek, d'arriver au stade à dix heures du matin (tu pourras pas manger de toute façon donc si le boulis te prend ton casse-croûte tant pis), d'avoir mis tes chaussettes porte-bonheur, d'avir pris le café avec lui mais surtout pas avec lui, des ramasseurs de balle en survêtement rouge, de Balaci debout sous la pluie mais qui réussit à fumer, en blouson de cuir ouvert, du souvenir du match de Kitwe et du Nkana qui t'a fait perdre quinze ans de ta vie, de Lotfi M'haïssi qui aurait continué jusqu'à Hammamet pour marquer le premier but si les filets de la cage ne l'avaient pas retenu, du silence assourdissant quand les Ougandais égalisent à 1-1, de l'espoir qui renaît quand Sami Touati redonne l'avantage juste à la mi-temps, d'avoir passé tout le match debout (...qu'on soit au stade ou pas) parce que de toutes façons le ciment était trempé, de Lotfi (encore lui, toujours lui) qui pulvérise la défense adverse et lance le bal, de Faouzi (encore lui) qui se blesse en tirant le pénalty et ça tu ne l'avais encore jamais vu (mais il a marqué donc ça va, en plus il est meilleur buteur de la compétition), d'avoir établi le record (à ce jour) de buts marqués en finale de la Coupe des Champions, d'être rentré chez toi à pied ivre de bonheur (...mais en te souvenant de Nkana donc un peu sur tes gardes quand même), d'avoir été regarder Club-Haouaria le lendemain matin au palais de la Foire et d'y avoir trouvé beaucoup plus de gens que tu ne l'aurais cru (au fait c'était Haouaria? ), des images de Cherif (Allh yar7mou) dormant dans les filets de l'avion militaire, de la parade au lycée ou au bureau le lundi, des messages -sonnant faux au possible- d'encouragement de la part d'Uncle Slim et de Keyzer Khaled qui leur ont valu la moquerie et l'opprobre, malgré leur victoire homérique sur les Railways (en seconde division, NB) qui leur ouvre la voie pour le sacre en coupe de Tunisie (il leur fallait une compensation, non? Bon papa qui nous félicite en débarquant à l'aéroport, Monsieur Gendre devait bien avoir une breloque pour se consoler). Et cette sensation lorsque Sami Touati marque le but au retour (tu mets un moment à le comprendre, qu'il a marqué, parce que Mongi Nasri crie beaucoup (il fait radio et télé, toujours mieux que Ridha Oudi), et que le caméraman Ougandais filme de telle sorte que des fois tu crois qu'on joue en travers alors que non), et que tu sais dès lors que plus rien ne peut t'arriver, et que le Club, ton Club, celui que tu as choisi parce que pour ça on a toujours le choix, est le premier club tunisien champion d'Afrique, pour sa première tentative, après avoir été finaliste pour sa toute première participation en coupe des coupes, que sur les vingt joueurs qui ont rendu ça possible les seuls qui ne soient pas passés par toutes les cases de la vie du CA depuis leur enfance ce sont Nasri (...arrivé à 16 ans) et Magharia, et là... On peut pleurer en rêvant? Ou rêver de Lotfi M'haïssi qui pleure de joie lui aussi? Alors c'est que ça s'est vraiment passé.

Que ceux qui n'ont pas le quart de siècle demandent aux autres et se préparent. Si tu croyais être heureux en voyant Mazembe te divertir, attend de voir ce que c'est que d'être sacré continentalement.



...plus que trois jours sans dormir, j'espère que le match est en début d'après-midi...

Sublime !! Nagy !!

Sinon, un tout petit détail .. Pas très intéressant .. Mais bon .. Qui faisait couler mes larmes .. Moi qui n'a pas le quart de siècle .. à chaque fois que la nostalgie me poussait à prendre entre les mains le journal "El Bayane" du lendemain du sacre que mon père gardait comme souvenir .. C'est le grand titre qui accompagne la photo .. كسكسلو يرجع لأصلو .. تاج إفريقيا منقوش على جسمو .. Le contenu ? N'en parlons pas

[doudou]

...sera écrite après-demain. Il est temps, le bail sur le titre africain date d'il y a vingt ans, à quatre jours près.

Vous vous souvenez? De la pluie qui tombe depuis trois jours, de ne pas dormir pendant une semaine avant, de la cuisse de Faouzi qui nous fait peur parce qu'on ne sait pas si elle va tenir, de ces types en face qui viennenet de se payer El Merrikh, Al Ahly et Iwuanyanwu, de la tension artérielle à 37, de se demander s'ils ont un bon ailier parce que bon, Elmi et Bargaoui , du terrain lourd, d'avoir vérifié cinquante-huit fois si teskertek foukek, d'arriver au stade à dix heures du matin (tu pourras pas manger de toute façon donc si le boulis te prend ton casse-croûte tant pis), d'avoir mis tes chaussettes porte-bonheur, d'avir pris le café avec lui mais surtout pas avec lui, des ramasseurs de balle en survêtement rouge, de Balaci debout sous la pluie mais qui réussit à fumer, en blouson de cuir ouvert, du souvenir du match de Kitwe et du Nkana qui t'a fait perdre quinze ans de ta vie, de Lotfi M'haïssi qui aurait continué jusqu'à Hammamet pour marquer le premier but si les filets de la cage ne l'avaient pas retenu, du silence assourdissant quand les Ougandais égalisent à 1-1, de l'espoir qui renaît quand Sami Touati redonne l'avantage juste à la mi-temps, d'avoir passé tout le match debout (...qu'on soit au stade ou pas) parce que de toutes façons le ciment était trempé, de Lotfi (encore lui, toujours lui) qui pulvérise la défense adverse et lance le bal, de Faouzi (encore lui) qui se blesse en tirant le pénalty et ça tu ne l'avais encore jamais vu (mais il a marqué donc ça va, en plus il est meilleur buteur de la compétition), d'avoir établi le record (à ce jour) de buts marqués en finale de la Coupe des Champions, d'être rentré chez toi à pied ivre de bonheur (...mais en te souvenant de Nkana donc un peu sur tes gardes quand même), d'avoir été regarder Club-Haouaria le lendemain matin au palais de la Foire et d'y avoir trouvé beaucoup plus de gens que tu ne l'aurais cru (au fait c'était Haouaria? ), des images de Cherif (Allh yar7mou) dormant dans les filets de l'avion militaire, de la parade au lycée ou au bureau le lundi, des messages -sonnant faux au possible- d'encouragement de la part d'Uncle Slim et de Keyzer Khaled qui leur ont valu la moquerie et l'opprobre, malgré leur victoire homérique sur les Railways (en seconde division, NB) qui leur ouvre la voie pour le sacre en coupe de Tunisie (il leur fallait une compensation, non? Bon papa qui nous félicite en débarquant à l'aéroport, Monsieur Gendre devait bien avoir une breloque pour se consoler). Et cette sensation lorsque Sami Touati marque le but au retour (tu mets un moment à le comprendre, qu'il a marqué, parce que Mongi Nasri crie beaucoup (il fait radio et télé, toujours mieux que Ridha Oudi), et que le caméraman Ougandais filme de telle sorte que des fois tu crois qu'on joue en travers alors que non), et que tu sais dès lors que plus rien ne peut t'arriver, et que le Club, ton Club, celui que tu as choisi parce que pour ça on a toujours le choix, est le premier club tunisien champion d'Afrique, pour sa première tentative, après avoir été finaliste pour sa toute première participation en coupe des coupes, que sur les vingt joueurs qui ont rendu ça possible les seuls qui ne soient pas passés par toutes les cases de la vie du CA depuis leur enfance ce sont Nasri (...arrivé à 16 ans) et Magharia, et là... On peut pleurer en rêvant? Ou rêver de Lotfi M'haïssi qui pleure de joie lui aussi? Alors c'est que ça s'est vraiment passé.

Que ceux qui n'ont pas le quart de siècle demandent aux autres et se préparent. Si tu croyais être heureux en voyant Mazembe te divertir, attend de voir ce que c'est que d'être sacré continentalement.



...plus que trois jours sans dormir, j'espère que le match est en début d'après-midi...

7ram 3lik né9sa éna
je suis guellou noum