Cartes sur table
"L'Orange Mécanique"
Par Raouf Khalsi
Voilà ce qui arrive lorsque le pouvoir absolu, la frilosité, le déficit de communication, la paranoïa, surtout, deviennent les dominantes de la gestion d’un club.
Les avatars de l’Espérance ce n’est pas sur le terrain qu’il faut en détecter les causes ou la genèse. Ils sont dans une manière assez singulière de gérer le métabolisme du club (il tend à flipper), de gérer un parc de joueurs qui rétrécit comme une peau de chagrin, de gérer les finances, un bureau fantomatique et des supporters qui se sentent bernés.
Notre approche dans le traitement des clubs, des fédérations, est, tout le monde en convient, immuable... Elle se base sur la dépersonnification des structures et cela déplaît à ceux qui tentent en revanche de personnifier les clubs et gare à ceux qui chatouillent leur égo.
Celui de samedi fut le pire des ASEC Mimosas que nous ayons eu à voir évoluer à Tunis. Mais en face il y avait la pire des Espérance de ces quinze dernières années. Une équipe banale et banalisée faite de joueurs de second plan parce qu’on a dilapidé un capital, on a destructuré ce capital le tout sur fond de sclérose ce qu’un grand club comme l’Espérance ne peut en aucun cas se permettre.
Maintenant Duguépéroux, avec cet humour noir et qui n’a rien de percutant se rabat sur les moyens mis à sa disposition. Il ne parle pas des moyens qu’on lui a soustraits – avec son consentement, si ce n’est sur sa demande ! -
A l’étage au-dessus, au Parc « B », isolés, coupés des réalités, ils ne savent pas trop ce qu’ils sont capables de capitaliser d’ici l’assemblée... Capitalisera-t-on la Coupe ? Une dormeuse qui n’a plus l’effet de cette piqûre de morphine au moyen de laquelle on tétanise les supporters ?
Et puis voyons : on ne garde pas Létifi, on ne garde pas Nwaneri, on ne garde pas Zitouni, on ne garde (surtout) pas Michael, le seul capable de « peser » sur la défense adverse et on pousse Melki vers la sortie. On les remplace par Bilel Yeken et Karim Touati (nous le répétons : deux défenseurs venant de la passoire du championnat : le CAB) et Felhi, Derbali et Adriano.
« Tous pour 250 mille dinars », dit-on. Sauf que Derbali a bien déclaré que l’OBéja avait, en l’occurrence, perçu 200 mille dinars et, lui, soixante-dix !... Mais en fait, n’y avait-il pas moyen de retenir Michael avec 270 mille dinars ?
Le fait est que les dirigeants espérantistes (ceux qui sont visibles et les « amis » qui jouent aux conseillers, gentils, garçons de bonnes familles), savent que le club a atteint des profondeurs abyssales... Ils sont à plaindre, car c’est quand même terrible un cercle vicieux. Avez-vous vu le film de Stanley Kubrick dans lequel Jack Nicholson élit domicile avec sa famille dans une sinistre résidence où tout est mystère jusqu’à ce que le personnage central du film bascule dans un état second ? Ce film s’appelle l’Orange Mécanique... Et le plus terrifiant de tout c’est ce jardin labyrinthique dans lequel Nicholson prenait plaisir à s’égarer...
Raouf KHALSI